La fréquence des orgasmes varie d’une personne à l’autre. Certaines femmes atteignent l’orgasme à chaque rapport, d’autres peinent à y parvenir. Il y a de nombreuses raisons pour lesquelles, en l’absence d’orgasme, une femme peut être amenée à simuler.
La fausse croyance que l’orgasme est la suite logique de la stimulation sexuelle explique en partie pourquoi une sexualité centrée sur la jouissance peut prendre le pas sur le plaisir. Bien que l’orgasme paraisse être la finalité logique et privilégiée d’un rapport sexuel, la pression pour y parvenir peut être contre-productive.
L’orgasme est une succession de contractions rythmiques des muscles – dans le vagin, l’utérus et le plancher pelvien chez la femme ; dans le pénis, la prostate, le plancher pelvien et l’anus chez l’homme – provoquées par la stimulation continue d’une ou de plusieurs zones érogènes. Les endorphines sont alors libérées dans le sang, provoquant une sensation d’euphorie et de détente.
L’orgasme masculin a une fonction reproductive : l’éjaculat masculin contient des spermatozoïdes, essentiels à la création de la vie. L’orgasme féminin, lui, n’a pas de fonction reproductive connue.
Simuler l’orgasme est plus courant qu’on ne l’imagine. Ce n’est pas un sujet sur lequel on aime s’exprimer, sans doute parce que beaucoup d’entre nous ont une idée préconçue de ce qui « devrait » se passer, bien différente de ce qui se passe en réalité. Est-ce anormal ou pathologique d’avoir du mal à atteindre l’orgasme ? Non. Au contraire, c’est fréquent, surtout si on se met la pression. Simuler l’orgasme donne parfois l’impression d’afficher une bonne santé sexuelle alors qu’en réalité, la santé sexuelle dépend surtout de la connaissance de soi et du confort avec l’autre, bien plus que de la performance.
Les raisons de simuler sont souvent multiples, issues de facteurs sociaux, psychologiques, physiques – ou de leur combinaison.
Comprendre sa propre sexualité est un processus, souvent entravé par les tabous, les stigmatisations autour de la sexualité. Beaucoup de femmes ont besoin de se sentir psychologiquement à l’aise pour atteindre l’orgasme, ce qui les rend particulièrement concernées. Dans de nombreuses sociétés, on attend encore des femmes qu’elles fassent passer le plaisir de leur partenaire avant le leur.
Les hommes, à l’inverse, sont confrontés au mythe que « le vrai homme » est toujours prêt à faire l’amour. Cette pression inutile d’avoir des rapports (et donc d’atteindre l’orgasme) rend difficile un rapport sain à la sexualité chez les hommes, mais n’affecte pas autant leur capacité à atteindre l’orgasme.
Atteindre l’orgasme indique à votre partenaire que vous êtes satisfaite. On peut redouter la désaffection de l’autre si l’on n’a pas d’orgasme ou qu’on semble difficile à satisfaire. Pour ne pas blesser l’ego de son partenaire, simuler l’orgasme peut sembler être une façon d’entretenir une image de sexualité épanouie – considérée, à tort, comme un critère de « réussite » du couple.
Un passé de violences sexuelles, vivre dans un environnement qui stigmatise la sexualité ou les difficultés sexuelles, avoir subi de la honte à propos de son intimité – tout cela engendre des conséquences négatives durables qui compliquent le rapport positif à la sexualité. Se dire que « quelque chose cloche chez moi » est le meilleur moyen de casser l’ambiance.
Même quand tout semble parfait, atteindre l’orgasme peut s’avérer frustrant ou difficile. Des blocages psychologiques peuvent être de véritables obstacles. Il n’est pas donné à tout le monde d’être suffisamment à l’aise avec soi-même pour jouir à chaque rapport, voire pour jouir tout court.
Les troubles de la santé mentale impactent aussi la capacité à jouir : dépression, anxiété, stress post-traumatique, dysmorphie corporelle, trouble du désir sexuel hypoactif (HSDD), entre autres.
Parfois, on croit devoir un orgasme à son partenaire, pour lui prouver qu’il est « performant », pour le récompenser ou simplement pour lever la pression. Simuler un orgasme est aussi lié aux attentes qu’on nourrit à son propre sujet : la sexualité que l’on se construit ou que l’on souhaite donner à voir. En résumé, « faire semblant jusqu’à ce que ça marche ».
L’ennui sexuel est aussi un motif courant de simulation, afin de pimenter la rencontre ou d’intensifier le plaisir global.
Simuler peut aussi être un moyen efficace de marquer la fin de l’acte. Parfois, on veut juste que ça se termine, ou on n’est plus vraiment d’humeur. Il arrive même que certaines femmes préfèrent simuler l’orgasme au « bon » moment – en même temps que leur partenaire – plutôt que d’avoir un orgasme réel mais au « mauvais » moment, plus tôt ou plus tard pendant le rapport.
Malheureusement, certaines femmes estiment que c’est la seule façon d’échapper à une situation désagréable. On sait que certaines simulent l’orgasme en cas de viol pour que l’agression cesse plus rapidement.
Si l’esprit peut gêner la survenue de l’orgasme, le corps aussi. Des choses toutes simples peuvent mettre fin à une soirée romantique. Par exemple, si vous êtes fatiguée, votre corps risque de privilégier le repos au plaisir.
L’inconfort causé par des irritations, une inflammation ou une infection peut aussi pousser à simuler. Les sprays, savons et douches vaginales contiennent souvent des substances chimiques qui déséquilibrent la flore intime. Hommes comme femmes peuvent présenter des réactions allergiques à certains contraceptifs ou souffrir d’IST.
Il est malheureusement fréquent que des femmes aient mal lors des rapports. Votre partenaire est peut-être brutal, et il est difficile ou gênant d’en parler, ou il s’agit d’une affection type vaginisme ou infection pelvienne (PID). Lorsque quelqu’une simule pour écourter le rapport, c’est parfois parce qu’elle souffre vraiment. Trop de femmes gardent le silence sur ces sujets. Nous ne voulons pas créer de problème là où il n’y en avait pas pour notre partenaire.
Certaines pathologies, notamment après une chirurgie gynécologique comme une hystérectomie, mais aussi certains médicaments, peuvent entraîner différents types d’anorgasmie – l’incapacité à jouir. L’anorgasmie est beaucoup plus courante chez la femme que chez l’homme, mais peut toucher les deux sexes.
Vous pouvez en lire plus sur l’anorgasmie dans notre article concernant l’orgasme féminin ici, et sur la vie avec le vaginisme ici.
Simuler l’orgasme peut être une solution à court terme mais, si cela devient une habitude, les conséquences sur le long terme peuvent être importantes, surtout si vous n’en parlez jamais.
Dans une relation installée, simuler régulièrement peut empêcher votre partenaire d’apprendre à vraiment vous donner du plaisir. Si votre partenaire pense bien faire, rien ne l’incitera à changer. Simuler « le grand O » protège peut-être l’ego de l’autre ou évite à chacune de se sentir inadéquate, mais signifie aussi que vous ne vous sentez pas en confiance pour exprimer votre ressenti, qu’il soit physique ou émotionnel.
Même lors de relations courtes ou d’un soir, la simulation pose problème – elle donne une idée fausse de ce à quoi s’attendre. Ce qui, au final, rend l’expérience décevante aussi bien pour vous que pour la partenaire suivante.
Si vous avez pris l’habitude de simuler, il peut être difficile de s’arrêter. Après tant de temps à faire semblant, on perd parfois de vue comment prendre véritablement du plaisir. Admettre que l’on a simulé peut sembler gênant ou angoissant, mais il n’est jamais trop tard pour être honnête, ni pour (ré)apprendre à jouir.
On entend parfois que l’apprentissage de l’orgasme ressemble à celui du vélo : après la première fois, on n’oublie plus. Pourtant, ce premier orgasme peut être difficile à atteindre. Voici quelques pistes pour y arriver, seule ou à deux.
Installez-vous dans un environnement apaisant, fermez la porte, baissez la lumière, mettez une musique d’ambiance. Gardez un verre d’eau à portée et prévoyez serviettes ou mouchoirs si besoin.
Un peu de nervosité est normale, mais trop d’inquiétude peut gâcher le plaisir. L’orgasme est autant mental que physique. Se focaliser dessus ajoute de la pression inutile, qui plombe la joie du sexe ou de la masturbation.
Prenez le temps des préliminaires ! Les femmes ont généralement besoin de plus de temps de préparation, surtout avant la pénétration, mais les préliminaires sont aussi l’occasion de faire durer et de savourer. Soyez présente à vos sensations : c’est la clé.
Soyez honnête avec vous-même sur ce que vous ressentez. Avoir l’impression de « devoir » éprouver quelque chose ne signifie pas que vous en ayez vraiment envie. Faites confiance à votre corps, il vous indique ce qui est bon ou pas.
Il est tout aussi fondamental d’être honnête avec l’autre. Que vous souhaitiez accélérer, ralentir ou arrêter, dites ce qui se passe dans votre tête ! Cela permet d’explorer ensemble un rythme qui convient, de guider votre partenaire là où se trouvent vos envies et vos limites, et d’instaurer la confiance nécessaire à l’épanouissement sexuel partagé.
Découvrir ce qui vous plaît fait pleinement partie de la satisfaction sexuelle. Cela demande parfois quelques essais et erreurs. Expérimenter est aussi un plaisir en soi. Certaines envies sont difficiles à exprimer, mais il n’est pas nécessaire d’attendre l’autre pour se faire plaisir soi-même. Vous êtes actrice et libre de vous toucher où vous voulez.
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